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17/12/2014

Miracle à Denton : des Texans 'conservatives' se révoltent contre le gaz de schiste

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La ville de Denton a interdit (par référendum) de nouveaux forages, et les langues se délient :


 

Sans précédent ! Tout près de Dallas au Texas, la majorité des 123 000 habitants de la ville de Denton (où eut lieu en 1998 la première fracturation hydraulique) viennent de voter par référendum contre l'exploitation de nouveaux puits de gaz de schiste. La ville compte à l'heure actuelle 400 puits et refuse d'en laisser forer d'autres. Explication : il y a dix ans, la mairie avait consenti aux industriels du gaz tous les permis d'exploitation possibles. Mais la population a doublé depuis. Les zones habitées se sont rapprochées des zones de forage... Or le gaz de schiste a une particularité* : le rendement de chaque forage est déclinant et il faut constamment en ouvrir d'autres ; du coup, « les exploitants forent maintenant à quelques dizaines de mètres des maisons », explique le conseiller municipal Kevin Roden à la correspondante des Echos. Celle-ci raconte :

« Les habitants du quartier de Vintage Boulevard font grise mine. Ils se sont achetés de coquettes maisons dans un lotissement baptisé Les Prairies du ruisseau Hillary. Ils se retrouvent aujourd'hui pris en sandwich entre deux champs de gaz, l'un au nord et l'autre au sud de leur petit jardin. "Quel que soit le sens du vent, ils reçoivent les fumées et le bruit'', résume Adam Briggle. Le pire a eu lieu entre septembre 2013 et février 2014, quand ont été creusés les puits, puis que la roche a été fracturée. A cette époque, les lumières éclairaient le chantier 24 heures sur 24, et une douzaine de camions circulaient jour et nuit pour alimenter le puits en eau, en sable et en produits chimiques. "Le bruit surpasse celui d’une autoroute", explique Adam Briggle. Le calme est revenu depuis. Ou presque : un compresseur ronronne en permanence pour favoriser l’extraction du gaz. Les habitants se plaignent de petits maux, sans qu’il soit possible de prouver s’ils sont liés ou pas aux puits jouxtant leur maison. Ils disent souffrir de maux de tête et de saignements de nez. » 

Les habitants expliquent aussi qu'ils ne profitent pas de l'industrie du gaz de schiste : passées les quelques semaines du forage et de la fracturation, les puits fonctionnent avec très peu d'effectifs et n'emploient qu'un infime pourcentage de la population locale. Même là où 99 % des habitants vivent à proximité d'un puits, comme à Fort Worth...

Par ailleurs les langues américaines commencent à se délier parce que les incidents se multiplient : dans le Dakota du Nord, par exemple, les fuites de gaz touchent un puits sur six en 2014, contre un sur onze en 2006. Le propre vice-président de Southwestern Energy, Mark Boling, reconnaît désormais que les fuites de méthane peuvent être « inquiétantes », et Mark Cohen, professeur à l'université Vanderbilt, constate que « coopérer avec les entreprises pétrolières et gazières ne produit pas vraiment de résultat » (Les Echos, 17/12). On sait que « coopérer » est l'euphémisme bienveillant pour dire : « s'en remettre aux industriels du soin de se restreindre », ce qui est le principe de la « croissance verte » et autres foutaises. Le Pr Cohen en déduit qu'il faut « plus de contrôle et de sanctions »... Phrase inquiétante  de la part d'un compatriote de feu Milton Friedman ! Y aurait-il des Américains « nostalgiques du goulag », comme disent nos blogs libéraux ?

Je laisse la parole au site Stopgazdeschiste.org :

« Pas moins de douze heures après le vote, des procédures ont été enclenchées contre la décision populaire de la petite ville de Denton. Administration en charge de la gestion du domaine public, le General Land Office gère les recettes notamment issues des droits octroyés aux exploitants de pétrole, pour financer les écoles au Texas. Son patron, le commissaire Jerry Patterson qui a engagé une des plaintes à l’encontre de la décision populaire d’interdire la pratique de la fracturation hydraulique, sera remplacé sous peu par un certain George Prescott Bush,fils de Jeb Bush l’ancien gouverneur de Floride*, lui-même fils de George père et frère de George W. Une autre plainte juridique a été déposée au nom de l’association des producteurs de pétrole et de gaz du Texas par une puissante équipe d’avocats qui travaille au sein du cabinet Baker Botts, cabinet d’avocats international auquel James Baker est associé. James Baker est l’ancien secrétaire au Trésor de Ronald Reagan entre 1985 et 1988 et ancien secrétaire d’État de George H. W. Bush de 1989 à 1993. Il fut ensuite conseiller proche du président George W. Bush pendant l’occupation américaine de l’Irak. Il n’est par ailleurs pas inutile de rappeler qu’aux États-Unis l'Energy Policy Act de 2005, qui exempte l'industrie du pétrole et du gaz de la loi sur la protection de l'eau (le Clean Water Act), est un héritage de l’administration de George W. Bush. Le vice-président s’appelait Dick Chenney... Dick Chenney, ancien dirigeant de la société d’ingénierie civile Halliburton spécialisée dans l’industrie pétrolière et leader mondial de… la fracturation hydraulique ! » 

 

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* Lire Les mirages du gaz de schiste, de l'économiste Thomas Porcher (éditions Max Milo).

* Jeb Bush est candidat à l'investiture républicaine à la Maison Blanche. Comme Mme Clinton chez les démocrates... On prend les mêmes et on recommence.

 

  

gaz de schiste,économie,états-unis

Commentaires

SI MÊME

> si même les plus bourrins des conservateurs US se révoltent contre le schiste, nos droitistes franchouillards vont être les derniers à prôner ce truc !
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Écrit par : A. Ancelin / | 17/12/2014

> Selon que c'est chez les autres ou chez soi...
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Écrit par : Pierre Huet / | 17/12/2014

BAISSE DE LA RENTABILITÉ

> De toute façon plus le prix du baril baisse plus la rentabilité baisse. Et le pétrole ou gaz dit de schiste (de roche mères devrait-on dire le plus souvent en réalité) au cours actuel n'est plus rentable.
Les mesures commerciales ne suffisant pas à faire plier la Russie en Ukraine, les US cherchent à asphyxier la Russie par la baisse des matières gaz et pétrole. Donc la marge se réduisant sur les gaz de schistes, les précautions et les dollars destinés à faire taire se tarissent.
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Écrit par : franz / | 17/12/2014

FACTURE ET FRACTURE

> Fric-Frackt , les gloutons sont insatiables et en plus ils mangent salement les goinfres , la facture sera salée , la fracture se ballade à tous les étages , du minéral 20ème sous-sol au social ras les pâquerettes , ça sent le gaz ! Tant mieux , on va peut-être penser à aller fermer les robinets ... Je ne parle pas de l'eau potable qui inonde les tunnels parisiens pour occuper les pompiers ! Mais ce soir , réjouissons nous , Alléluia , Papa François Obama Cuba ! La Havane reste la 1ère capitale du monde à avoir su nourrir ses habitants avec ses multiples jardins bio à tous les coins de rues , un exemple à suivre ! Bravos !!!
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Écrit par : escargolibri / | 18/12/2014

PAS JUGER LES COMPAGNIES PÉTROLIÈRES

> Dans l'Etat de New York aussi, le gouverneur annonce l'interdiction de la fracturation hydraulique.
Faire preuve de courage politique au nom du bien commun, quand même, quel manque de bienveillance ! Faut pas juger les compagnies pétrolières ! Rô que non que non.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/12/17/gaz-de-schiste-l-etat-de-new-york-interdit-la-fracturation-hydraulique_4542377_3222.html
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Écrit par : Serge Lellouche / | 18/12/2014

BIO

> "La Havane reste la 1ère capitale du monde à avoir su nourrir ses habitants avec ses multiples jardins bio à tous les coins de rues , un exemple à suivre ! "
Il vaudrait mieux tourner la phrase autrement ?
"heureusement pour les pauvres Cubains, le bio leur a sauvé la vie, malgré la dictature et la bêtise de Washington".
Car l'autorisation de ces jardins (et il faudrait dire merci ?) n'indique qu'une chose : que la dictature était au bout du rouleau. N'ayant pas pu les empêcher, elle ne les a pas nommés "manifestations d'individualisme de pédés à plumes" (je cite).
Espérons que Cuba ne tombe pas de Charybde en Scylla : car la Mafia a toujours regretté d'avoir perdu sa "zone de libre-échange" qu'était Cuba pour elle, du temps de Batista.
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/12/2014

Cher EL ,

> je partage vos inquiétudes sur les "zones de libre-échange" et même votre formulation sur le bio et les Cubains est sans doute plus juste ! Quant à la "Dictature au bout du rouleau" ... (quel paradoxe!) au point de ne même plus pouvoir interdire la création de jardins partagés en ville ... il y en a des dizaines dans la capitale La Havane , et qui se portent bien ! En matière de "Transition" ils en connaissent déjà un rayon et ont fait école . A Paris, il faut encore se battre pour planter 3 légumes dans son HLM !.. même avec la bénédiction d'Hidalgo.
"Démocratie au bout du rouleau"?.. Où s'exerce la dictature ? Un jardin partagé est-il la somme de manifestations individualistes ou le juste collectif ? La Faim , ça peut réveiller !?
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Écrit par : escargolibri / | 19/12/2014

CENTRALES

> "Les habitants se plaignent de petits maux, sans qu’il soit possible de prouver s’ils sont liés ou pas aux puits jouxtant leur maison." Le mieux pour ne rien prouver et de ne rien chercher ! Demandez donc ce qu'en pensent les moines d'Aiguebelle et ceux du Mont-des-Cats... deux abbayes situées dans des couloirs venteux englobant de magnifiques sites nucléaires... mais on ne peut rien prouver. C'est vrai que pour Aiguebelle par exemple il ne peut pas y avoir de corrélation entre les décès dus à des cancers du sang et le fait que les vents dominants viennent du Tricastin...
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Écrit par : Charles-Henry de Zigzag / | 25/12/2014

BILAN

> Sur le bilan énergétique calamiteux du gaz de schiste et d'autres lire "L'impossible découplage" de" Caminel-Frémeaux-Giraud-Lalucq-Romand.
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Écrit par : Pierre Huet / | 25/12/2014

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